Chaud et froid

Je l’ai appris bien tard, mais l’une des armes d’une perverse narcissique manipulatrice est la séduction. Charlotte s’efforçait d’être toujours parfaite. Toujours souriante, toujours bien maquillée et habillée avec le plus grand soin, très féminine, toujours très agréable. Tous les jours, je lui faisais des compliments. Lorsqu’elle recevait, la table était dressée avec tellement de soin, bougies, décorations, nappes, sets : une vraie cérémonie. Elle était toujours dans un jeu de séduction que ce soit par sa personne ou par ses actes. C’était elle qui brillait en société.

Mais tout cela n’était qu’une façade, parce que dans la vraie vie, tout était différent. Elle était tout le temps en train de me faire des remarques, sur ma maison qui était « pourrie », sur mon style vestimentaire, sur ma manière de faire. Elle me reprochait souvent… de lui faire des reproches, alors que je ne lui en faisais jamais ! Je savais qu’elle pouvait s’énerver pour un rien. Et lorsqu’elle s’énervait, quel que soit le sujet de départ, ça pouvait aller mal, très très mal. J’avais donc pris l’habitude de ne rien dire, après tout, c’était mieux comme ça.

Lorsque nous étions rien qu’à deux, elle soufflait le chaud et le froid. J’étais parfois son homme, son prince. Mais la plupart du temps, je ne faisais rien de bien, j’étais un frimeur, je mentais tout le temps, j’étais égoïste. C’était faux, mais j’y ai cru !!! Si elle allait mal, c’était à cause de moi. Un travail de culpabilisation de longue haleine, dans le but de me diminuer et de me faire perdre ma confiance en moi. C’est toute la stratégie des pervers narcissiques manipulateurs. Ce sont à la base des hommes ou des femmes qui ont une faible image d’eux même, principalement à cause de leur enfance. Le seul moyen pour eux d’améliorer cette image, c’est de détruire leurs proches, en premier lieu leur conjoint. Ils vous vident de votre substance, petit à petit et jour après jour. Elle avait le même jeu avec sa mère. Elle l’appelait tous les jours, pour prendre des nouvelles, ou pour lui demander et juger ce qu’elle avait fait. Elle était parfois odieuse avec sa mère : elle la traitait de trainée, lui disait qu’elle était sale, qu’elle était bête. A plusieurs reprises, je n’ai pu m’empêcher de lui faire remarquer que ses mots étaient déplacés, et qu’elle devait du respect à sa mère…