Malade
J’ai de la chance : je ne suis pas souvent malade, j’ai une bonne santé. Charlotte ne m’a donc pas connu souffrant en 3 ans.
Sauf à une seule reprise, aux Enfoirés de cette année. Lorsque nous sommes arrivés à Lyon, il faisait si froid que je suis tombé malade dès le premier jour. J’ai essayé de me soigner par moi-même, mais c’était pire que mieux. Dans mon état, j’aurais du rester dans la chambre d’hôtel, mais Charlotte ne l’aurait pas supporté, alors je l’ai accompagnée, partout. Devant la porte de l’hôtel voisin où logeaient les stars, debout dans le froid par -10°C pendant des heures et des heures, à la gare Perrache où le car allait récupérer les artistes, au centre commercial pour aller manger le midi. J’étais fébrile, j’avais froid, je souffrais. Je ne pouvais presque pas manger. Charlotte n’avait aucune pitié pour moi, elle me reprochait d’être malade, de lui gâcher sa semaine, et je voyais bien que j’étais son boulet. Elle ne supportait pas cette faiblesse passagère et le dérangement que ça lui causait. Je n’osais pas imaginer son comportement si j’étais un jour vraiment malade !
J’ai tenu quelques jours, mais ça ne passait pas. Elle a alors fait un effort insurmontable, elle a appelé un médecin, et elle m’y a accompagné. Je la voyais en colère, chaque minute qu’elle me consacrait lui coûtait. Elle marchait d’un pas rapide et déterminé. En fait, elle ne m’aimait pas, elle me tolérait juste, quand j’allais bien. Durant ces quelques jours, j’aurais souhaité un peu d’attention, un peu de compassion. Qu’elle s’occupe de moi, qu’elle me dise des mots doux, qu’elle passe sa main dans mon dos. C’est ce que j’aurais fait, si c’était elle qui souffrait.
A 5 mois du mariage, tous les indicateurs étaient au rouge. Je la voyais hargneuse, accrochée à son appareil photo, je ne comptais pour rien.
Charlotte ne supportait pas la maladie, que ce soit pour moi, ou lorsque sa mère Jeanne s’était fracturée le bras. Elle s’était alors forcée à aller la voir, et pour compenser, elle était infâme avec moi. Etre aux côtés de ses proches lui coûtait plus qu’à l’habitude dans ces moments là.
Charlotte n’allait presque jamais chez le médecin, elle en avait peur. Elle n’allait pas chez le dentiste, et même si sa dentition semblait parfaite, il lui manquait 2 dents qu’elle aurait dû remplacer. Nous n’avons été ensemble que chez l’ophtalmologue. Bizarrement elle n’avait pas peur de ce spécialiste. Peut-être parce que ça lui permettait de se faire offrir des lunettes de soleil de très grande marque…
Charlotte vivait le moment présent, l’avenir ne comptait pas, il fallait brûler la vie avant que la vie ne la consume.